mercredi 1 mai 2013

Earle





Refrains enjoués alors voilà. Ca chante chante chante dans la tête. Je sortais du footing tout à l'heure, il y avait Steve Earle dans mes oreilles, 47 minutes de course, sourire, damn, et puis stop. Plus rien. Plus rien dans mes oreilles. C'était fini. Les rimes tristes simplement qui continuaient de remuer quelque part,  d'un grand Steve qu'on frémit depuis tant de lunes.

Métro Glacière. Et ciel qui pleure. 30 avril.

Un grand miroir. C'était quelques années auparavant, des rues parées de froid, un corps qui grandissait, des histoires à raconter, tant d'histoires - quelques rides déjà à la surface des eaux lourdes du fond de la chamade.

- "Comment tu fais, Bobby, pour aller puiser le pétrole au dessous de ta mer du Nord, sans trop faire gigoter la flotte salée qui entoure ?", nous demandait-on à l'école.

La mélasse noire de nos coeurs, protégée comme il fallait par des millions de larmes. On nous demandait de calculer les forces qui devaient s'appliquer tout en bas, mécanique de fluides bien trop visqueux, d'établir le meilleur moyen d'éviter l'arrogance de tout ce sel - pour extraire des tréfonds d'un puits la noirceur la plus pure. Faut-il vraiment ? Fallait-il ?

Here we are, now. Une chanson, une chanson une chanson. If a dream's enough to ease your hungry sorrows. Une chanson, deux chansons, dix chansons. Townes Van Zandt. John Prine, Steve Earle qui parlent aux oreilles vives, dans leur grande découverte des peines du monde, du bonheur immense qui reste encore à découvrir dans la grotte des tristesses.

Le temps passe.

Il passe parfois par quelques courses à pied, par la pluie d'un ciel trop gris, par le grand boulevard sans âme de sous la ligne 6, Paris Sud. Par Steve Earle, et les souvenirs qui remontent. Et par ces mélodies construites comme il faut, refrains enjoués mais rimes tristes - et la mémoire des temps anciens où nous nous demandions encore s'il fallait taire tout ce vide, ou bien le brandir un peu haut, un peu fort, pour en faire comme l'étendard du grand beau temps qu'il fait parfois au coeur de la mélasse.

Il faut écouter le nouveau disque de Steve Earle.