mardi 29 juin 2010



Pavane-toi aux phalanstères, et regarde au loin les signes du passé : l'explorateur avait foi en l'errance, il avait fui la France. Aujourd'hui faits de couches, de reliques et de faux mâts, il fait bon nous terrer dans nos huttes emmurées. La sagesse d'un socle est promue par les gueux, aux multiples visages mais celui de ce monde et de sa noblesse apparente. Réunis par la farce, mais enclins à en rire, où est l'espace, Judy, le rayon de la Lune sur nos pas qui avancent ? Où est la scène réfléchie, la signature du renom ? Reste où tu es, ou bien file à l'envers, qu'importe, au fond on te pousse à capturer pour l'apprivoiser la part la moins noble de ton méprisable inconscient. Partir, pourtant, malgré nous, malgré tout, filer aux devants des chutes d'eaux rassasiées de caillasses, et qui s'écrasent désormais sur de l'orge, des feuillages épars, et tes prunelles apeurées. Prends ma main, Judy, ce monde n'est pas le notre. Nous sommes plus riches, moins las, nous sommes l'absence et l'ignorance, nous sommes le reflux des caresses où s'arrête leur mensonge. Nous serons des hymnes, des reines, et toi la lumière des printemps, nous serons l'image affinée des nervures arrachées de leurs corps.

dimanche 13 juin 2010

Menelik II d'Ethiopie.


Mais si l'ennui. Mais si la merci de ces gens ne s'apparentait qu'au désastre... Mais si l'envie. Et si l'on n'était, au fond, que des santons de pierre, avec nos larmes de pêcheurs, parfois blêmes, parfois sans noms, et un peu superficielles. Et si les pions, sur l'échiquier, devenaient les rois de demain ? Nous pourrions, nous aimer, alors, Anne, et redevenir ce que nous étions jadis. Le faire-semblant est une insulte, et pourtant, la profération est une chose qui nous assiste, qui nous rattrape et nous entraine, une idée qui nous aime. N'oublions pas ce qui nous soutire. En un sens, ce monde est rouge. Mais il est aussi comblé de haine, et nous nous retrouvons au bar, comme des enfants à la recherche d'un nouveau crime. Regarde le ciel ! Regarde les étoiles, oui, et ceux qui nous envient ! Regarde la sagesse, l'image d'un soupir, regarde le lac, au loin, qui se ternit avec la tombée du jour, car les fables sont noires, et ton lit s'est refermé sur ta fausse morale. Assumons les prismes de l'errance. Assumons la croix, et nos dos aux sueurs écarlates. Songe, songe, Andy, les lignes vertes d'un Texas lointain t'enivrent d'un espoir que tu sais faux, car au dehors, il n'est que mers agitées, et océans sincères. Les flots sont rudes. Les mots aspirent la partie de toi qui se retrouve, au soir, dans le coin d'une bière aux acides redoutés. Chaloupe ta démarche, et redécore ton rire, Andy, chiale comme une ange, Andy, comme une larme éteinte. Je veux le soir, la défaite, le devenir incertain, je veux l'absence de remords, de la part des pensées honnêtes. Nous-mêmes, brisons l'espace, la Lune et l'Idéal, et secrètement, bénissons toutes sortes de crises politiques.

mercredi 9 juin 2010

Mémoires de Retz.



Grisaille, tendresse, et puis dégâts. Le monde est fronde, l'automne s'avance au beau milieu de Juin. Quels appels nous invitent à sublimer nos corps ? Quelles affaires mauvaises et silencieuses accaparent nos envies d'envol ? C'est un Paris sournois, le parfum brisé de la mer, le souffle rocheux des clapots insensés qui nous recommande la prudence, l'espoir encore peut-être, mais l'endémique prudence. Charlie, où sommes-nous donc ? Que nous propose t-on, enfin, en guise de rédemption ? Les récits sont obstrués, semblables à des amphores aux relents paternels, et les mots comme autant d'écoutilles amères parviennent  à savamment assimiler nos peines. Quelques folles jeunes filles aux jambes aiguisées passent sous mes yeux, et je les regarde avec désir, Rue du Louvre, à Paris. Elles n'ont pas vingt ans. J'avance avec méfiance, tant ces rues me paraissent à chaque instant pouvoir se refermer sur ma frêle silhouette. Les odeurs de bitume me rappellent à quel point il fait bon être libre, au fond, dans cette geôle sans largesse. Et le regard de ces lâches, Charlie, et la beauté d'un prénom, et l'ironie du chien qui se sait mort, et les parties sans cesse affutées, de la déchirure charnelle de nos corps ! Mercredi 9 Juin 2010. Tout est calme. Il fait si gris que le ciel en devient rouge. Et je fatigue, et je suis presque à en jouir, Charlie. Car nous étions deux, et l'enfance qui délibère ne retient que le goût du sang. Il est des basques, dans l'Idaho.