lundi 28 octobre 2013

Wop !

Retour sur une riche semaine au chantier des Francofolies à La Rochelle.




Diable me voilà de retour. D’abord un grand sommeil, une pinte d’eau fraiche, puis les souvenirs de ces six jours passés à Rochelletown dans le cadre du chantier des Francofolies. Sacrée expérience – so I say.




Chantier des Francos. Structure liée au festival des Francofolies de La Rochelle, ayant pour but d’aider au développement de jeunes artistes qui se lancent dans la machine. Passés par là et croisés ailleurs: Granville, Arnaud Fleurent-Didier, Charles-Baptiste, Cléa Vincent, La Fiancée… Passés par là tout court: Zaz, La Maison Tellier, les incroyables Vérone, Mustang, etc etc etc... J’avais été contacté quelques semaines plus tôt pour apprendre la nouvelle de mon intégration à la promo entrante, après une première rencontre avec l’équipe du chantier à Paris. Exciting news, au moment où les choses s’accélèrent, et que je commence à mettre sur pied une équipe de musiciens autour de moi pour foutre un gentil bouzin américain derrière mes folktunes en français.



Mais en attendant, comme John Prine, Townes, Steve Earle, Butch Hancock, Bobby Dylan de l’époque, Joan et tous les autres qui m'ont inspiré, je fais le déplacement simplement avec Gibbie ma Gibson du Montana, pour raconter mes histoires, et expliquer une démarche de folksinger.







Singer-songwriter. « Ecrivain de chanson qui chante ses chansons ».

Démarrage lundi matin aux aurores, en australe Rochelle. Premières rencontres avec nos intervenants. Néry, ex des Nonnes Troppo et des VRP, comédien et metteur en scène, qui fera coach plateau pendant la semaine. Près du feu depuis tout petit, j'entendais mes frangins reprendre ses chansons. Julia, professeur émérite ès techniques vocales. Et Jean-Claude, aux manettes pour le coaching mental.

A côté de moi dans le banc des gars qui prennent ce métier de chanter, deux groupes. Les Natas Loves You d’abord, super psyché-popeux déjà croisés au Pop In à Paris, gravitant eux aussi autour de notre grand barde à tous Kim Giani. Bigflo et Oli ensuite, deux jeunes rappeurs toulousains à la maturité phénoménale, aux textes précis et justes, poétiques, et qui demain seront très grands, demain mardi.





On part donc sur des cycles de trois ateliers par jour, chant, scène et « coaching mental », avec en addition quelques rencontres avec différents professionnels (notamment Alice Vivier et Lucas Bonnifait, super patrons des Trois Baudets et de la Loge à Paris).

Arrivant avec ma poche à guitare et mon harmonica, le travail scénique s’est concentré sur l’interprétation et la ré-interprétation de mes chansons. Comment donner vie aux textes, trouver les mots justes entre chaque chanson pour accrocher l’audience, et assumer avec sourire les tableaux évoqués. Il s'agissait élaborer une histoire, une ligne, un cheminement, afin d’exprimer au mieux l’univers défendu à travers les chansons choisies dans la semaine, celui de la fin de l’enfance et de l’héritage américain.

Les cours de chant furent de grand secours. Jamais je n’en avais pris encore, et je compris que mon ventre suffisait à faire cracher le vent de la scansion. Pas besoin de pousser dans la gorge. La respiration s’abdmominalisait gracieusement, et les efforts devenaient légers.

Aux séances de « coaching mental », de simples discussions sur le temps qui passe et les projets à venir. Des paroles qui s’échangent et se libèrent sur le pourquoi de l’après, l’espérance renouvelée, les cinquante textes écrits, et les autres à écrire. Se réaliser, comment, où ça, comme ça, en essayant de prendre place pas à pas dans l’espace alloué.



La Rochelle est une ville sublime. Au passage vers le Sud, jadis, j’y étais passé pour une nuit en provenance de Chef-Chef, Saint-Michel.

La semaine passait à grands coups de travaux poussés, de détricotages empiriques et affirmés pour redonner forme à chaque mot chanté. Avec pour objectif la grande prestation finale du vendredi, devant la foule de curieux qui se presserait pour écouter le résultat des travaux de la nouvelle promotion.

Vendredi arrivait donc patiemment, avec son lot d’excitation et d’incertitudes, mais le bonheur de pouvoir enfin présenter le travail accompli. La difficulté principale sur scène était de repenser aux cent choses dites dans la semaine, sans perdre l'idée du naturel et du spontané. Concert. Les bords de l’Yonne, Quitter l’enfance, Hervé, Waitin’ Around To Die, Van Zandt et Comme la vie est belle. Grand bonheur. Place aux copains.


(merci à Pascal Calou pour cette photo)

Bigflo et Oli nous font un grand show qui montre qu’ils sont prêts à refaire l’Olympia, comme ils l’avaient fait dix jours plus tôt en première partie de Féfé. Paroles puissantes et subtilement révoltées, contre l’intelligentsia du rap à paillettes et des authenticités révolues. Bigflo et Oli défendent l’intelligence, le vrai, le message clair et l’épuration des « chattes à ta mère » dans le langage commun de la profession. Ca marche, j’ai des frissons, et je repleure trois larmes sur l’une de leurs chansons phares.






Natas Loves You rentre en scène, avec Alain au chant, PH au clavier, Virgile à la basse, Joachim à la guitare possédée et Jonas au rythme. Prestation atmosphérique et emportée, réussie, on ferme les yeux et on bouge le corps en pensant aux sept merveilles de chacun de nos mondes à nous.

Fin de la semaine. Sourire aux lèvres, Gin en bouteille et quelques pas de danse au troquet du coin avant de se dire au revoir pour de bon.

Fin de la semaine. Mille projets pour les jours à venir, de chansons à écrire, de musique à réfléchir, de collaborations à passer, de concerts à continuer, de chemins à avancer, sans précipitation, fort des conseils prodigués tout au long de cette riche semaine.

Ryan O'Donnell, exceptionnel guitariste américain de musiques bluegrass et folk, vient à Paris sous peu pour se consacrer à mon projet. Ce sera un honneur de jouer avec lui. On mettra du tambour et de l'électrique, c'est prévu pour très vite. Des trompettes et de l'ampleur. Des sourires et de la candeur, toujours, parce que ce métier est chouette, qu'on y fait des rencontres formidables, et qu'on y passe parfois des semaines extraordinairement riches en enseignements et en émotions.

Rendez-vous le lundi 4 novembre prochain aux Trois Baudets pour un premier concert en France avec Ryan O'Donnell.

A très vite,

Baptiste





lundi 22 juillet 2013



Keep Angers weird. Jumelage avec Austin depuis 2011.

Départ tomorrow. Ca sent la fête et le bourbon. Concerts de Butch Hancock et Joe Ely en vue, ce weekend, à Alpine dans le Far West du Texas.

mercredi 1 mai 2013

Earle





Refrains enjoués alors voilà. Ca chante chante chante dans la tête. Je sortais du footing tout à l'heure, il y avait Steve Earle dans mes oreilles, 47 minutes de course, sourire, damn, et puis stop. Plus rien. Plus rien dans mes oreilles. C'était fini. Les rimes tristes simplement qui continuaient de remuer quelque part,  d'un grand Steve qu'on frémit depuis tant de lunes.

Métro Glacière. Et ciel qui pleure. 30 avril.

Un grand miroir. C'était quelques années auparavant, des rues parées de froid, un corps qui grandissait, des histoires à raconter, tant d'histoires - quelques rides déjà à la surface des eaux lourdes du fond de la chamade.

- "Comment tu fais, Bobby, pour aller puiser le pétrole au dessous de ta mer du Nord, sans trop faire gigoter la flotte salée qui entoure ?", nous demandait-on à l'école.

La mélasse noire de nos coeurs, protégée comme il fallait par des millions de larmes. On nous demandait de calculer les forces qui devaient s'appliquer tout en bas, mécanique de fluides bien trop visqueux, d'établir le meilleur moyen d'éviter l'arrogance de tout ce sel - pour extraire des tréfonds d'un puits la noirceur la plus pure. Faut-il vraiment ? Fallait-il ?

Here we are, now. Une chanson, une chanson une chanson. If a dream's enough to ease your hungry sorrows. Une chanson, deux chansons, dix chansons. Townes Van Zandt. John Prine, Steve Earle qui parlent aux oreilles vives, dans leur grande découverte des peines du monde, du bonheur immense qui reste encore à découvrir dans la grotte des tristesses.

Le temps passe.

Il passe parfois par quelques courses à pied, par la pluie d'un ciel trop gris, par le grand boulevard sans âme de sous la ligne 6, Paris Sud. Par Steve Earle, et les souvenirs qui remontent. Et par ces mélodies construites comme il faut, refrains enjoués mais rimes tristes - et la mémoire des temps anciens où nous nous demandions encore s'il fallait taire tout ce vide, ou bien le brandir un peu haut, un peu fort, pour en faire comme l'étendard du grand beau temps qu'il fait parfois au coeur de la mélasse.

Il faut écouter le nouveau disque de Steve Earle.








lundi 15 avril 2013

Enregistrements




Enregistrements. C'est le début des nouvelles ères, une signature, et hop ! On file droit vers les grands rêves d'antan. Ceux-là mêmes où l'on nous apercevait au loin, tremblant, l'harmonica au bec, chanter devant témoin notre amour pour l'errance, l'Amérique et le rien.

Depuis trois semaines déjà, j'enregistre mon premier EP avec Frédéric Lo, réalisateur émérite, ayant notamment collaboré avec feu le grand Darc, Daniel, évanoui le mois passé. Six titres bien choisis, qu'il a fallu habiller avec méthode. Réflexions. Couleurs à donner. Matière à travailler. Emphase à maitriser. Avec une Amérique en toile de fond, et la volonté de nous inscrire dans la logique ornementale de tout ce qui nous paraissait subtil et précieux, en France, côté chanson, depuis le début des années 90. 

Enregistrements. Ecriture. On passe au roman, au scénario de court métrage. On essaye, on affine, on expulse pour délier tout ça, les doigts, les souvenirs, les rêves, les états d'âmes et tout le joyeux patatras de l'esprit.

On écoute.
On rencontre.
On prend note.
On construit. Pour avancer pas à pas, comme il faudra.

Les enregistrements seront terminés dans deux semaines et je serai bientôt sur scène pour vous présenter tout cela.

En attendant, c'est mon amie SWANN qui sort son album aujourd'hui dans les bacs. Nous nous sommes rencontrés il y a quatre ans de cela, dans les coulisses d'un Globo qui organisait des soirées folk, alors. Cet album, Neverending, est formidablement réussi, avec des échos subtils, épars, de Catpower, oui, des Velvet, et de country mélancolique. Je vous le recommande hautement - tout comme son passage au Café de la Danse, dans quinze jours, avec ce bon Tom McRae.

Et quelques vidéos, pour finir, de ce qu'on écoute, invariablement, au fond de nos casques entêtés. Au loin, ma soupe à l'oignon déborde de son feu.