Pérou. Salut les gars. Compliqué, quelques mois puis on reprend, on écrit, il y a tous ces projets qui vont et puis reviennent. Des noms, faut voir, les lectures aussi. C'était donc Hemingway la dernière fois, Andrew Jackson, Considerant, Dvorak. Entre temps, j'ai lu Richard Fariña, Been so down it looks like up to me, qui m'a lui même parlé de Oakley Hall, tout est bon. Ici, c'est les élections présidentielles. Ollanta Humala et Keiko Fujimori, fille du père. Plutôt roublard le premier, pas trop pro-gay mais bon chaviste, du coup Dieudo est sous le charme. Dans toute bonne boite de pétrole et de gaz, on se fait du mouron, si ça nationalise d'ici trois mois c'est tout le complexe qui dégage, autant dire qu'on fait la gueule dans les parages.
On va parler du frérot, l'histoire est chouette au Pérou. Antauro Humala est le deuxième fiston de l'ultra-nationaliste Isaac Humala. Il a pas mal bourlingué avec Ollanta sous les yeux du padre, avant de reprendre les théories de ce dernier pour jouer la carte indigéniste para-militaire. Jungle America. Pour Isaac et Antauro, faut lutter fort pour restaurer la suprématie de la "race cuivrée" et reformer l'empire Inca. Avec Ollanta, Antauro chope la Kalachnikov pour lutter contre les UZIs de l'empire (hi 5 Alain Soral) en 2000. Le problème c'est qu'ils n'aiment pas trop ça au Pérou depuis la terreur infligée par les guérilleros du Sentier Lumineux dans les années 70 et 80. Antauro se retrouve en taule avec son frangin Ollanta pour insurrection armée contre le régime d'Alberto Fujimori. Finalement en juillet 2001, Alejandro Toledo est élu président et gracie les deux compères, et c'est Fujimori qui part moisir au Folsom local pour corruption. Trois ans plus tard, Antauro Humala reprend les armes avec ses potes indigénistes dans les Andes, contre l'armée de Toledo. Il retourne en prison, où il est toujours, devenant le martyr du mouvement Ethnocacériste créé par son père en 1970.
Antauro Humala, frère du candidat à la présidentielle péruvienne de juin 2011
Les élections du mois prochains mettent donc en scène deux joyeux copains de taulards : ça va libérer sec dans les geôles tout bientôt. Qui va sortir le premier ? Le frère Humala, qui serait ainsi gracié par Ollanta, moins violent mais non moins radical sur les bonnes vieilles questions de race et de présence de capitaux étrangers sur son sol ? Ou bien le vieux djap' Fujimori, dont la fille pourrait être élue sans programme, simplement sur le nom de son père toujours très populaire pour avoir maté los terroristos du Sentier Lumineux ?
Comme on n'écoute pas beaucoup les versions des gens qui font n'importe quoi avec le trou de balle des autres ces temps-ci, on laisse la parole à Vargas Llosa, le prix Nobel péruvien de l'an passé, qui s'est marié avec sa tante puis a fait trois gosses à sa cousine :
"Dans cette élection il y a le pire et un moindre mal, et pour moi le pire c'est le retour de la dictature d'Alberto Fujimori à travers sa fille"
Vargas Llosa avait perdu au second tour des élections en 1990 face à Alberto Fujimori, un sombre inconnu fils de migrants japonais qui s'était pas emmerdé par la suite avec les courbettes judiciaires pour faire lindy-hoper ses opposants. Keiko Fujimori, sa fille donc, est aujourd'hui créditée de 37% à 39% des intentions de vote, autant que son rival Machu-Picchiste (pour 13% de vote blanc et 7% d'indécis, c'est forcé de voter ici).
Keiko et Alberto
Quant aux riches du Pérou, ceux qu'on croise dans les rues de Lima quand on vit dans les quartiers sécurisés, ils iront voter blanc, ou bien payer l'amende. Leur candidat Pedro Pablo Kuczynski, ancien du FMI, s'est fait lourder de peu au premier tour. Ils évoquent le risque de dictature dans les deux cas, les dangers de nationalisation et d'effondrement de l'économie, les positions ultra-sécuritaires et populistes de Keiko, homophobes d'Humala, l'incompétence de l'une qui pourrait favoriser le retour du méchant père, et la proximité de l'autre avec Evo Morales, Rafael Correa et surtout Monster Chavez. Si il est élu, ça nous fera un bon vieux ceinturon de gauche en Amérique Latine Occidentale. C'est risqué, faut fermer les yeux sur plein de trucs, mais ça peut peut-être se tenter, pour voir.
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