L'accordéoniste Cajun Iry Lejeune
La musique, le temps, les heures étonnées passées sur une chaise rotative à parcourir l'histoire des choses bien écrites. L'immensité qui nous fait face est enivrante, les possibilités innombrables, et les lignes claires de tous ces livres nous appellent en permanence à parcourir les rues d'en bas avec un sourire non feint, un émerveillement chaque jour renouvelé.
L'été de Paris s'avance avec prudence. Le soleil ne transparait pas encore de façon tout à fait bienveillante, et nos envies de rencontres nouvelles décuplent à chaque instant. Peut-être que c'est aussi ça, la vie. Des projections, des attentes, des ambitions renouvelées.
Je jouai avec mon frère Corentin la semaine dernière à la bibliothèque municipale de Ville d'Avray, grâce à Jean-Baptiste Moreau qui nous y avait invité. C'était la fête de la musique, et le public qui s'asseyait devant nous avait notre âge d'antan, lorsque les années 90 démarraient et que le Danemark battait l'Allemagne en finale de l'Euro. Merde. Des enfants. Expérience douce. Il nous a fallu adapter quelques unes des chansons du répertoire pour satisfaire au mieux l'appétit musical des petiots, mais la soirée commençait bien. Quelques heures plus tard, sur le parvis du Vieux Léon, nous revenions sur scène pour deux chansons, pour la soirée organisée par Kim Giani. Autre ambiance, plus enivrée, mais ce fut drôlement bon une nouvelle fois. Comme au cours de mon concert précédent au Vieux Léon, j'étais accompagné sur scène, outre de Corentin à la basse, de Kim à la batterie, de Yaco (Ollie Joe) à la guitare électrique, avec en bonus cette fois-ci Raf à la trompette (qui joue déjà sur l'enregistrement de Quitter l'enfance), et Jan, que Kim a fait monter sur scène, à la steel guitar. Ca m'a redonné envie d'aller faire des concerts à Austin, chez mon pote Ryan (see video), pour joyeusement proposer une alternative countrysante à la French Touch électro qui emmerde tant les cowboys, réacs ou libéraux, de là-bas. Tiens, d'ailleurs. On m'a proposé de venir gratouiller au festival folk de Fayetteville, dans l'Arkansas, au mois d'août. On passe par là avec les copains, alors ça sera l'occasion de tester le machin. En attendant que les Alliances Françaises de Chicago, New Orleans et Lafayette me répondent.
Mon pote Ryan O'Donnell, chanteur du Navasota String Band
Depuis quelques jours, j'écoute avec attention et en parallèle deux albums. Le At My Window, de Van Zandt, de 1987, et un vieux vinyle de Georges Chelon, grand bonhomme de la chanson française, qui a écrit des chansons magistrales dans le temps (et continue d'en écrire). L'écoute presque exclusive de ces deux artistes agit de façon amusante sur la perception que l'on se fait de leurs musiques, et des espèces de comparaisons croisées s'opèrent dans la tête - qui établissent des liens entre leurs univers.
Essayant d'être attentif depuis quelques semaines aux arrangements et à la production des albums que j'écoute, je trouve dans la simplicité de l'album de Van Zandt, produit par deux vieux loulous du folk ricain, Cowboy Jack Clement et Jim Rooney, une efficacité foutrement probante. Il y a une sorte de neutralité moderniste, qui tout en donnant une couleur sacrément enivrante aux chansons, évite le piège de la complexité des arrangements, de l'expérimentation trop hasardeuse, et partant, de la trop grande inaccessibilité de l’œuvre à première écoute. De même, une accessibilité trop facile est évitée par une production mesurée et l'absence d'un trop plein d'instruments aux sons trop léchés. Diable, et c'est peut-être pour cela que je trouve les arrangements des albums de variété française parfois peu digestes - c'est qu'on a tendance à y perdre l'essence même de la simplicité musicale qui devrait être inhérente à l'accompagnement de chansons : la possibilité de différencier clairement chacun des instruments joués sur un enregistrement (peut-être d'ailleurs le meilleur gage de l'atemporalité d'une œuvre).
Le folk ricain a réussi ce mariage de la simplicité musicale universalisante et de l'exigence qualitative, de sorte que des artistes comme Steve Earle, Van Zandt ou John Prine peuvent être appréciés tant par les simples amateurs de "chanson", les vieux, les très vieux, les jeunes, les ruraux, les urbains, que par les hipsters théorisateurs à excès de chacune des musiques qu'ils écoutent. Merde. Et si c'était ça le modernisme, l'originalité nouvelle - faire simple, tout simple, pour que personne n'ait rien à redire :
Essayant d'être attentif depuis quelques semaines aux arrangements et à la production des albums que j'écoute, je trouve dans la simplicité de l'album de Van Zandt, produit par deux vieux loulous du folk ricain, Cowboy Jack Clement et Jim Rooney, une efficacité foutrement probante. Il y a une sorte de neutralité moderniste, qui tout en donnant une couleur sacrément enivrante aux chansons, évite le piège de la complexité des arrangements, de l'expérimentation trop hasardeuse, et partant, de la trop grande inaccessibilité de l’œuvre à première écoute. De même, une accessibilité trop facile est évitée par une production mesurée et l'absence d'un trop plein d'instruments aux sons trop léchés. Diable, et c'est peut-être pour cela que je trouve les arrangements des albums de variété française parfois peu digestes - c'est qu'on a tendance à y perdre l'essence même de la simplicité musicale qui devrait être inhérente à l'accompagnement de chansons : la possibilité de différencier clairement chacun des instruments joués sur un enregistrement (peut-être d'ailleurs le meilleur gage de l'atemporalité d'une œuvre).
Le folk ricain a réussi ce mariage de la simplicité musicale universalisante et de l'exigence qualitative, de sorte que des artistes comme Steve Earle, Van Zandt ou John Prine peuvent être appréciés tant par les simples amateurs de "chanson", les vieux, les très vieux, les jeunes, les ruraux, les urbains, que par les hipsters théorisateurs à excès de chacune des musiques qu'ils écoutent. Merde. Et si c'était ça le modernisme, l'originalité nouvelle - faire simple, tout simple, pour que personne n'ait rien à redire :
Snowin' On Raton de Townes Van Zandt, avec le songwriter Blaze Foley tout saoul aux choeurs
Allwright qui reprend Cohen
Et le grand Georges Chelon
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